Appel à contributions
Matières vivantes et inanimées en art
Numéro thématique de la revue RACAR, à paraître en octobre 2027
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Équipe de rédaction invitée :
Itay Sapir, Université du Québec à Montréal
Joana Barreto, Université Lumière Lyon 2
Date limite de soumission des propositions : 25 novembre 2025
Date limite de soumission des contributions finales : 15 juin 2026
Depuis son apparition comme un champ d’activité bien défini, l’art a été le théâtre d’une dialectique complexe concernant la perception de la vitalité et de l’absence de vie des oeuvres et des matériaux artistiques. Comme le montre l’ouvrage de Frank Fehrenbach, Quasi Vivo: Lebendigkeit in der italienischen Kunst der Frühen Neuzeit (2021), l’animation d’une matière sans vie est considérée comme l’un des principaux exploits des artistes à partir de Giotto, voire parfois comme la nouveauté même qui distingue les oeuvres de la Renaissance des images médiévales. Toutefois, l’ambiguïté de la vie et de la mort est restée constitutive de la perception de ces objets tout au long des XVe et XVIe siècles, et bien au-delà. La capacité propre et variée des différents matériaux à exprimer la vitalité a été explorée dans la peinture et plus encore dans la sculpture où, comme le montrent Michael Cole et d’autres, l’histoire de la fabrication – la sculpture de marbre par rapport à la fonte du métal, par exemple – a eu un impact sur l’intensité et la nature de la vitalité attribuée aux oeuvres abouties. La nature originelle, organique ou inorganique, des matériaux – le bois et la cochenille contrastant avec le lapis-lazuli et le bronze, pour ne citer que quelques exemples, en Europe et ailleurs – ajoute une autre dimension à ces distinctions.
Dans le cas de sujets religieux, les ramifications théologiques de ces questions ne peuvent être exagérées. Pour le christianisme, le fait que les images de saints ou de la Vierge prennent vie et agissent miraculeusement dépend, bien sûr, de leur statut divin, mais était également compris, à des degrés divers selon le moment historique précis de la réception des images, en relation, d’une part, avec leurs propriétés matérielles et, d’autre part, avec la virtuosité de leur créateur. D’autres traditions religieuses et spirituelles, notamment celles provenant de diverses cultures autochtones, proposent de riches perspectives sur la potentielle vivacité et l’animation, d’origine divine ou ancestrale, des matériaux travaillés par des artisan.es.
Dans de nombreux cas, la question de la mort ou, au contraire, de l’animation artistique de la matière elle-même est complexifiée par des récits picturaux, ou (moins souvent) sculpturaux, qui jouent également sur la transition incertaine entre la vie et la mort – des créatures vivantes, en l’occurrence, surtout des êtres humains. L’émergence vers 1600 – et de manière spectaculaire dans l’oeuvre de Caravage – d’un intérêt pour l’instant même de la mort, pour ses ambivalences et ses subtilités temporelles, remet parallèlement en question l’infrastructure matérielle de ces représentations : comment la matière est à la fois rendue vivante dans la représentation d’une personne destinée à être montrée comme vivante et, en même temps, exploitée dans son inanimité littérale afin de suggérer la perte de vie qui se produit au moment présent de l’image.
Ce dossier thématique de RACAR, issu originellement d’une série de panels tenue au congrès du CIHA à Lyon, mais élargi géographiquement et chronologiquement, vise à explorer les complexités de la vie et de la mort dans l’imaginaire, associées aux différentes composantes matérielles des oeuvres d’art. Nous souhaitons notamment inclure des contributions sur les cultures non européennes et autochtones. Entre autres, nous comptons examiner comment les fréquentes représentations artistiques de la fin de la vie, qu’il s’agisse d’une mort violente ou d’un départ paisible, interagissent avec les choix (ou les contraintes) matériels des artistes.
Nous sollicitons des textes (d’au plus 7 500 mots, incluant les notes) ou des contributions créatives (d’au plus 10 images et 1 000 mots, incluant les notes). Les articles seront soumis à une évaluation par les pair·es.
La date limite pour soumettre une proposition à Itay Sapir ([email protected]) et à Joana Barreto ([email protected]) est le 25 novembre 2025. Les propositions doivent être titrées et comprendre un résumé (300 mots max.), une courte biographie (100 mots max.), de même qu’un CV d’une page. Pour les contributions créatives, la proposition doit également inclure de 2 à 5 images.
Équipe de rédaction invitée :
Itay Sapir, Université du Québec à Montréal
Joana Barreto, Université Lumière Lyon 2
Date limite de soumission des propositions : 25 novembre 2025
Date limite de soumission des contributions finales : 15 juin 2026
Depuis son apparition comme un champ d’activité bien défini, l’art a été le théâtre d’une dialectique complexe concernant la perception de la vitalité et de l’absence de vie des oeuvres et des matériaux artistiques. Comme le montre l’ouvrage de Frank Fehrenbach, Quasi Vivo: Lebendigkeit in der italienischen Kunst der Frühen Neuzeit (2021), l’animation d’une matière sans vie est considérée comme l’un des principaux exploits des artistes à partir de Giotto, voire parfois comme la nouveauté même qui distingue les oeuvres de la Renaissance des images médiévales. Toutefois, l’ambiguïté de la vie et de la mort est restée constitutive de la perception de ces objets tout au long des XVe et XVIe siècles, et bien au-delà. La capacité propre et variée des différents matériaux à exprimer la vitalité a été explorée dans la peinture et plus encore dans la sculpture où, comme le montrent Michael Cole et d’autres, l’histoire de la fabrication – la sculpture de marbre par rapport à la fonte du métal, par exemple – a eu un impact sur l’intensité et la nature de la vitalité attribuée aux oeuvres abouties. La nature originelle, organique ou inorganique, des matériaux – le bois et la cochenille contrastant avec le lapis-lazuli et le bronze, pour ne citer que quelques exemples, en Europe et ailleurs – ajoute une autre dimension à ces distinctions.
Dans le cas de sujets religieux, les ramifications théologiques de ces questions ne peuvent être exagérées. Pour le christianisme, le fait que les images de saints ou de la Vierge prennent vie et agissent miraculeusement dépend, bien sûr, de leur statut divin, mais était également compris, à des degrés divers selon le moment historique précis de la réception des images, en relation, d’une part, avec leurs propriétés matérielles et, d’autre part, avec la virtuosité de leur créateur. D’autres traditions religieuses et spirituelles, notamment celles provenant de diverses cultures autochtones, proposent de riches perspectives sur la potentielle vivacité et l’animation, d’origine divine ou ancestrale, des matériaux travaillés par des artisan.es.
Dans de nombreux cas, la question de la mort ou, au contraire, de l’animation artistique de la matière elle-même est complexifiée par des récits picturaux, ou (moins souvent) sculpturaux, qui jouent également sur la transition incertaine entre la vie et la mort – des créatures vivantes, en l’occurrence, surtout des êtres humains. L’émergence vers 1600 – et de manière spectaculaire dans l’oeuvre de Caravage – d’un intérêt pour l’instant même de la mort, pour ses ambivalences et ses subtilités temporelles, remet parallèlement en question l’infrastructure matérielle de ces représentations : comment la matière est à la fois rendue vivante dans la représentation d’une personne destinée à être montrée comme vivante et, en même temps, exploitée dans son inanimité littérale afin de suggérer la perte de vie qui se produit au moment présent de l’image.
Ce dossier thématique de RACAR, issu originellement d’une série de panels tenue au congrès du CIHA à Lyon, mais élargi géographiquement et chronologiquement, vise à explorer les complexités de la vie et de la mort dans l’imaginaire, associées aux différentes composantes matérielles des oeuvres d’art. Nous souhaitons notamment inclure des contributions sur les cultures non européennes et autochtones. Entre autres, nous comptons examiner comment les fréquentes représentations artistiques de la fin de la vie, qu’il s’agisse d’une mort violente ou d’un départ paisible, interagissent avec les choix (ou les contraintes) matériels des artistes.
Nous sollicitons des textes (d’au plus 7 500 mots, incluant les notes) ou des contributions créatives (d’au plus 10 images et 1 000 mots, incluant les notes). Les articles seront soumis à une évaluation par les pair·es.
La date limite pour soumettre une proposition à Itay Sapir ([email protected]) et à Joana Barreto ([email protected]) est le 25 novembre 2025. Les propositions doivent être titrées et comprendre un résumé (300 mots max.), une courte biographie (100 mots max.), de même qu’un CV d’une page. Pour les contributions créatives, la proposition doit également inclure de 2 à 5 images.